Lilian Laslandes, un nom gravé dans le cœur des Bordelais
Quand on évoque la riche histoire des Girondins de Bordeaux, les noms jaillissent spontanément : Giresse, Zidane, Pauleta… et bien sûr, Lilian Laslandes. L’avant-centre au physique imposant et au caractère bien trempé a marqué de son empreinte la fin des années 90. Plus qu’un simple buteur, il représentait une certaine idée du football à Bordeaux : généreux, combatif, efficace. Retour sur le parcours d’un attaquant au grand cœur et au pied redoutable.
Des débuts modestes à Saint-Seurin… jusqu’à Bordeaux
Originaire de Pauillac, dans le Médoc, Lilian Laslandes a d’abord goûté au football pro non loin de ses terres natales, avec le petit club de Saint-Seurin-sur-l’Isle en Division 2. Il n’est pas encore le finisseur redouté que l’on connaîtra plus tard, mais il affiche une détermination sans faille. Son gabarit, sa détente et son jeu de tête commencent à attirer les regards.
En 1992, l’AJ Auxerre de Guy Roux le repère et l’invite à franchir un cap. Là-bas, entre deux courses matinales dans la forêt et les conseils avisés du mythique entraîneur bourguignon, Laslandes affine son jeu. Mais c’est à Bordeaux qu’il trouvera son foyer footballistique. À croire que le Médoc l’attirait inévitablement vers les bords de la Garonne.
1997 : un retour au pays bien accueilli
En 1997, les Girondins récupèrent leur prodige formé ailleurs. À 26 ans, Laslandes arrive avec une belle expérience, prêt à faire trembler les filets de D1. Il ne tardera pas à devenir l’un des chouchous du stade Lescure. Avec son style direct, voire rugueux, il plaisait aux supporters bordelais : fier représentant d’un football sincère, sans chichis ni paillettes.
Sa première saison est une réussite : il inscrit 14 buts en championnat. Mais ce n’était qu’un échauffement.
1998-1999 : la saison de la consécration
Impossible de parler de Laslandes sans évoquer la saison 1998-1999. Porté par un effectif pétri de talents – Johan Micoud, Christophe Dugarry, Sylvain Wiltord – et un coach aussi charismatique qu’ingérable (un certain Élie Baup et sa casquette vissée sur la tête), Bordeaux mène une campagne exaltante jusqu’au titre de champion de France.
Laslandes, en vrai taulier de l’attaque, inscrit 15 buts cette saison-là en championnat. Mais plus que ses statistiques, c’est son influence sur le terrain qui fait la différence. Il est cet avant-centre capable de peser sur une défense, de fixer les centraux, de créer des espaces pour ses coéquipiers. Et ce sens du but, parfois instinctif, souvent imparable.
Souviens-toi du but contre Marseille à Lescure, d’un coup de tête imparable : la communion avec les Ultras au Virage Sud reste gravée dans toutes les mémoires de supporters.
L’homme des grands rendez-vous
Ce que les supporters bordelais n’oublieront jamais, c’est l’attitude de Laslandes pendant les matchs tendus. Il ne se défilait jamais. Rennes à l’extérieur un soir de pluie ? Présent. PSG à domicile avec la pression du titre ? Encore présent.
Un exemple ? Le choc contre l’OM en 1999, alors que Bordeaux lutte pour le titre et que la pression monte d’un cran. Laslandes livre un match monstrueux, harcelant la défense phocéenne, distribuant les coups d’épaule et les appels dans le dos. Il enfile alors son habit de guerrier. Résultat, Bordeaux s’impose, et Laslandes sort sous une ovation qui résonne encore dans les travées de Lescure.
Un caractère bien trempé
S’il y avait bien une chose à laquelle s’attendre avec Laslandes, c’était son franc-parler. Jamais langue de bois, toujours spontané. Il n’était pas du genre à enjoliver ses performances ni à fuir ses responsabilités après un match compliqué. Mais justement, cette sincérité plaisait aux supporters. Il incarnait une forme de loyauté au club. Un homme du Sud-Ouest, fier sans être arrogant, avec ce soupçon d’ironie dans le regard après un doublé face à Lyon.
Un passage en Angleterre plus discret… mais un retour apprécié
Comme beaucoup, Laslandes a tenté l’aventure anglaise. Sunderland, puis une pige à Cologne : l’expérience n’aura pas été aussi prolifique qu’espérée. Mais c’est dans ces moments-là qu’on mesure l’attachement d’un joueur à un club. En 2003, il revient à Bordeaux, avec quelques années de plus au compteur, mais la même envie de mouiller le maillot marine et blanc.
Il jouera 30 matchs en Ligue 1, inscrira encore quelques buts et fera preuve du même engagement. Ce retour symbolique sonne comme un adieu en douceur, dans son club de cœur.
Un palmarès à la hauteur
Lilian Laslandes n’est pas seulement un joueur apprécié pour son style ou sa disponibilité médiatique. Son palmarès parle pour lui :
- Champion de France 1999 avec les Girondins de Bordeaux
- Finaliste de la Coupe de la Ligue en 1998
- Plus de 100 buts en première division (D1 + Ligue 1)
Et n’oublions pas ses sélections avec les Bleus, même si la concurrence était rude avec des monstres comme Trézéguet ou Anelka à cette époque. Laslandes a quand même enfilé le maillot frappé du coq à 7 reprises.
Une trace durable dans le cœur des supporters
Est-ce parce qu’il est resté humble malgré ses succès ? Ou parce qu’il n’a jamais triché sur un terrain de football ? Peut-être un mélange des deux. Lilian Laslandes fait partie de ces joueurs dont on parle avec nostalgie et tendresse. Dans les tribunes bordelaises, son nom revient souvent lorsqu’on évoque les “vrais attaquants” qui ont marqué l’histoire du club.
Avec sa moustache inimitable – qu’il qualifiera lui-même de “charme gascon” – et sa façon rugueuse d’appréhender le jeu, il a laissé une empreinte indélébile. D’ailleurs, ne vous étonnez pas de voir encore aujourd’hui des anciens chanter son nom devant Lescure (ou devrions-nous dire, le Matmut Atlantique désormais…).
Et après le football ?
Une fois les crampons raccrochés, Laslandes ne s’est jamais coupé du ballon rond. Il a intégré la cellule de recrutement des Girondins un temps, mais semble plus attiré par une vie simple, au plus près de ses racines. Vous le croiserez peut-être sur un terrain amateur du coin, ou autour d’un verre de vin (du Médoc, évidemment), loin des projecteurs mais toujours aussi passionné.
Car c’est aussi ça, Lilian Laslandes : un homme ancré dans sa terre, fier de porter les valeurs du Sud-Ouest, fidèle à ceux qui l’ont soutenu.
Un symbole de ce que fut Bordeaux
Le football d’aujourd’hui change, se transforme, parfois trop vite. Mais les supporters, eux, n’oublient pas. Quand les Girondins traversent des périodes plus délicates, on se replonge dans les années Laslandes avec une pointe de mélancolie. C’était une époque où Lescure vibrait, où les joueurs jouaient pour l’écusson, non pour leur compte Instagram.
À travers Lilian Laslandes, c’est tout un pan de l’histoire du club qui refait surface. Celui d’un Bordeaux conquérant, soudé, fier de sa région. Et rien que pour ça, il mérite chaque chant à sa gloire dans les travées girondines.