Cheyrou Bruno : une présence technique chez les Girondins de Bordeaux

Cheyrou Bruno : une présence technique chez les Girondins de Bordeaux

Bruno Cheyrou : une élégance technique à la bordelaise

Quand on évoque les milieux offensifs français du début des années 2000, beaucoup penseront à Zidane, Micoud ou encore Dhorasoo. Mais un nom mérite d’être mis en lumière pour sa contribution, alliant finesse technique et vista : Bruno Cheyrou. Si son passage aux Girondins de Bordeaux ne fut pas le plus long de sa carrière, il reste gravé dans la mémoire des supporters pour son apport délicat, intelligent et souvent sous-estimé.

Dans un club historiquement riche en profils créateurs – on pense à Giresse, Lizarazu ou plus récemment Gourcuff – Cheyrou est venu inscrire sa plume, certes discrètement, mais avec ce style raffiné qui sied si bien à la maison bordelaise. Plongeons-nous ensemble dans ce chapitre un peu méconnu de la vie des Girondins.

Avant Bordeaux : le parcours d’un pur styliste

Formé au LOSC Lille, Bruno Cheyrou explose au grand jour dès la fin des années 90. Sa patte gauche, soyeuse et clinique, lui vaut rapidement le surnom de “nouveau Zidane” – une étiquette bien lourde à porter, convenons-en.

Son talent ne passe pas inaperçu. En 2002, il est recruté par Gérard Houllier pour rejoindre le mythique Liverpool FC. L’aventure anglaise ne sera toutefois pas à la hauteur des attentes. Barrière de la langue, pression constante, jeu physique… Le Nordiste peine à se faire une place et enchaîne les prêts, dont un retour à l’Hexagone bienvenu.

Avant Bordeaux, il fait escale à Marseille puis à Rennes, où il retrouve son mordant. Le football, on le sait, est fait de cycles. Et en 2006, vient le temps pour Cheyrou de poser ses valises en Gironde. Un choix stratégique autant qu’émotionnel. Et pour nous, supporters, une aubaine.

Une arrivée à Bordeaux sous le signe de l’intelligence tactique

C’est à l’été 2006 que Bruno Cheyrou débarque chez les Girondins, dans une équipe alors en pleine reconstruction sous la direction de Ricardo. Les recrues fusent, l’objectif est d’équiper Bordeaux d’un effectif stable et cohérent, capable de concurrencer les mastodontes lyonnais et marseillais.

Cheyrou arrive avec une réputation de joueur élégant, certes, mais parfois inconstant. Pourtant, sur les pelouses du Stade Chaban-Delmas, il va rapidement démontrer qu’il possède bien plus qu’un simple « joli pied ».

Son rôle ? Milieu relayeur avancé dans un 4-4-2 en losange, souvent utilisé par l’entraîneur brésilien. Il est ce lien entre la récupération et la projection vers l’avant. Un joueur-pivot dans le meilleur sens du terme, capable de casser les lignes par la passe courte ou d’orienter le jeu d’une longue diagonale bien sentie.

Un joueur de l’ombre… mais indispensable

Cheyrou n’a pas empilé les buts comme un Pauleta ou spectaculé à la manière d’un Wendel, mais il a offert à l’équipe cette respiration technique unique. Une manière de temporiser les attaques, de choisir le bon tempo, là où d’autres se précipitaient.

Et puis, derrière cette efficacité discrète, il y avait aussi un savoir-faire humain. Car Bruno, c’est aussi un meneur par l’exemple. Très apprécié dans le vestiaire, il servait de point d’ancrage à une jeune génération en devenir, entre l’expérience d’un Micoud et la fougue d’un Chamakh.

Des statistiques ? Certes modestes : une vingtaine de matchs sous le maillot marine et blanc, mais chaque apparition était pesée, pesante et utile. Les journalistes locaux de l’époque – et j’en étais – parlaient d’un Cheyrou “guide silencieux”. Tout est dit.

Une saison 2006-2007 pleine de richesse tactique

Les plus fervents s’en souviendront : Cheyrou a notamment été décisif lors de plusieurs matchs importants, à commencer par le fameux Bordeaux – Toulouse, remporté 3-1, où il a offert une passe lumineuse ouvrant l’espace à Darcheville. Dans les matchs plus tactiques, face à Nancy ou Lens, il brillait par sa faculté à ne pas perdre le ballon. Toujours propre, toujours lucide.

Cette saison-là, Bordeaux terminera 6e de Ligue 1 et remportera la Coupe de la Ligue face à Lyon – même si Cheyrou ne participe pas directement à la finale, son influence dans la rotation de l’effectif reste notoire.

Le football, c’est aussi une question de complémentarité. Et dans cette escouade girondine, Bruno complétait idéalement les Micoud et Alonso, formant une ligne médiane de caractère et de contrôle. Il contribuait sans faire de bruit, exactement comme un bon cru bordelais se révèle avec le temps.

Les Girondins et la culture du milieu créatif

L’arrivée de Cheyrou à Bordeaux s’inscrit dans une tradition que le club chérit : celle du meneur réfléchi, du technicien sobre et intelligent. Il n’est ni une anomalie ni un joueur importé sans vision, mais bien une pièce du puzzle d’un jeu pensé, d’une culture footballistique raffinée.

Depuis toujours, Bordeaux aligne des profils de cette trempe. On se souvient de Christian, de Zidane bien sûr dans ses jeunes années, mais aussi de Johan Micoud auquel Cheyrou a parfois été comparé. Il y a chez les Girondins une philosophie du football qui privilégie la construction, l’intellect, la beauté du geste sobre. Et à ce jeu-là, Bruno Cheyrou était chez lui.

Et après Bordeaux ? La reconversion d’un homme de football

Après sa saison bordelaise, Cheyrou poursuivra sa carrière à l’étranger avant de revenir en France, notamment à Nantes, puis se retire du football professionnel en 2012. Mais pour ceux qui pensaient qu’il allait disparaître des radars, il réserve une surprise de taille.

Bruno se reconvertit dans le milieu du scouting et de la direction sportive. En 2017, il devient directeur du recrutement du PSG féminin, puis passe à l’Olympique Lyonnais où il consolide sa réputation de fin connaisseur. Le football ne l’a jamais quitté.

À bien des égards, sa reconversion est le reflet de ce qu’il a démontré sur le terrain : une vision stratégique, une capacité à lire le jeu et à anticiper les mouvements. Tel un bon chef d’orchestre devenu producteur, il continue d’influencer l’univers du ballon rond depuis les coulisses.

Un souvenir durable chez les supporters

Le passage de Cheyrou à Bordeaux n’a duré qu’une saison, mais il a suffi pour construire un lien unique avec les supporters qui aiment les joueurs altruistes, collectifs, mais pas moins précieux. Il fait partie de ces noms qu’on cite lors des discussions “entre connaisseurs”, ceux qui savent que le football ne se résume pas aux anecdotes Instagram.

Et puis, chez nous à Bordeaux, on aime le jeu réfléchi. On aime les intelligences du ballon. En ce sens, Bruno Cheyrou a été un Girondin à part entière. Pas un météore, mais une étoile filante élégante, qui a laissé un sillage de lumière douce dans le ciel du club.

Alors, Bruno, si tu passes dans le coin de la Garonne, sache que ta place reste réservée dans nos souvenirs de passionnés. Celle du joueur qui comprenait avant d’agir. Et c’est peut-être ce que le football moderne, trop rapide pour penser parfois, devrait se rappeler plus souvent.